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jeudi 22 septembre 2011 à 20h30

Projection Débat : "Radio Lorraine Coeur d'Acier, la parole libérée"

Jeudi 22 septembre à 20h30 à Toulouse, à l'occasion des trente ans de la radio Canal Sud, projection unique suivie d'une rencontre avec des membres de l'équipe de Canal Sud (tarif unique 4€, achetez vos places à partir du 15 septembre).

Radio Lorraine Coeur d'Acier, la parole libérée

Isabelle Cadière - documentaire France 2010 52mn - avec Marcel Trillat, Jacques Dupont et les habitants de la région de Longwy...

Du 22/09/11 au 22/09/11 à Toulouse

Radio Lorraine Coeur d'Acier, la parole libérée

TARIFS :
TARIF NORMAL : 6€
ABONNEMENT : 45€ (10 places)
Séance sur fond gris : 4€

Nous sommes en 1978, dans la petite ville de Longwy, en Meurthe-et-Moselle, où depuis près d'un siècle, la grande majorité de la population active est employée dans les usines sidérurgiques. Dans la cité du fer, des usines sont menacées de fermeture. Le démantèlement de tous ces emplois donne lieu à de très violentes émeutes dans la ville. Pour essayer de lutter contre cette casse sociale, la CGT fonde une radio, la fameuse Radio Lorraine Cœur d'Acier, où la parole est laissée à ceux qui veulent se faire entendre. Mitterrand n'est pas encore passé par là, la télévision et la radio seront encore jusqu'en 1981, sous monopole et tutelle de l'Etat. La radio est évidemment contrainte à émettre illégalement, comme toutes les radios pirates qui émergent aux quatre coins de l'hexagone.

Animée par Marcel Trillat et Jacques Dupont en figures de proue, la radio commence par diffuser quelques heures par jour, de l'émetteur placé sur le clocher de l'église voisine. Évidemment la parole est laissée aux syndicats, mais les animateurs tiennent à ce que tout le monde puisse s'exprimer librement sur l'antenne. Le local du direct devient un lieu de passage où toutes les bonnes volontés peuvent s'asseoir autour de la table et échanger sur le sujet du jour. Les ouvriers de la sidérurgie, dont une part non négligeable est issue de l'immigration italienne, sont naturellement les premiers à débattre dans ce capharnaüm d'idée. Il faut le voir pour le croire, ce local enfumé, noir de monde, où les animateurs, les cernes de jour en jour plus marquées, se laissent souvent porter par l'énergie folle qui règne ici. L'attente est énorme de la part des habitants, et les deux compères s'éreintent à être à la hauteur de la tâche qu'on leur a confiée. C'est aussi entre les tentatives de brouillage par hélicoptère et les différentes attaques des forces de l'ordre pour les déloger que la résistance s'organise. À chaque fois on y sonne le tocsin (à l'usine, à la caserne et à l'église) et des milliers de personnes accourent pour protéger leur radio. Les habitants peuvent même appeler les « débrouilleurs » qui viennent à leur rescousse pour améliorer la réception grâce au système D de rigueur (la radio dans le four, l'antenne dans un vase d'eau…).
Rien ne les arrête, et certains politiques ne s'y trompent pas, voyant d'un œil tendre ce projet fédérateur et fraternel, ils s'invitent jusqu'à leur table : G. Marchais, D. Cohn-Bendit, A. Krivine… Le machisme du couple sidérurgie et immigration italienne s'enrichit également de la présence des femmes, très actives dans la vie de la radio. Un souffle libérateur plane sur les ondes, comme ce grand moment radiophonique où elles se retrouvent à parler en toute intimité de plaisir sexuel, de contraception et d'avortement.

La particularité de cette radio, qui réside essentiellement dans son ouverture, ne va pourtant pas plaire à tout le monde. Après plusieurs avertissements, la CGT décide, en juillet 1979, de ne plus financer la radio, réalisant que le contenu leur avait échappé depuis bien longtemps. À ce moment encore, cela ne décourage pas les Longoviviens qui décident de l'autofinancer. Dans un grand élan, chacun y va de ses pécules pour ne pas la laisser mourir. Ce fût seulement un an plus tard, durant les vacances de l'été 1980, après être passé d'une radio qui soutient les luttes à une radio généraliste, que Radio Lorraine Cœur D'Acier émettra pour la dernière fois. Elle n'aura pas sauvé les emplois du bassin de Longwy, mais elle aura permis « aux petites gens, ceux d'en bas » de prendre la parole, et d'insuffler un vent nouveau dans la région. Une expérience démocratique dont beaucoup se souviennent car vous verrez que trente ans après, le souffle n'est toujours pas retombé.

Trente ans de radio libre, ça se fête ! Canal Sud : trente ans d'émissions sur les ondes toulousaines ! Libre d'être engagée, musicale, politique, punk, cinéphile, rock, espérantiste, communautaire, reggae, internationaliste, bruitiste, littéraire, rap, éclectique, anti-carcérale, critique, monomaniaque, champêtre, créatrice, attentive, décalée, informative… Émissions spéciales, concerts, expos, théâtre, cinéma et bien d'autres choses sont au programme de cet anniversaire, du 11 au 21 septembre à Toulouse. Plus d'informations sur www.canalsud.net

Lien : https://toulouse.demosphere.net/rv/2591
Source : http://www.cinemas-utopia.org/toulouse/index....